L. Ponticelli

 

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L. PonticelliLazare 110 ansles funérailles

 

   

   Lazare Ponticelli avec l'équipe de Cappuccino et Renato Zuliani, le Président des Alpini de France.

 

 

Qui est Lazare Ponticelli ? Pourquoi nous intéresser à ce petit paysan italien né à la fin de 1897, parce qu’il a aujourd’hui 108 ans, qu’il a vécu sur trois siècles et qu’il a eu un destin exceptionnel.

Nous ne le connaîtrions pas s’il était resté à Bettola, dans la province de Piacenza et s’il n’avait pas émigré en France à l’âge de 10 ans.

Aujourd’hui la société Ponticelli emploie plus de 2000 personnes et est connue sur les quatre continents.

Revenons à la fin du XIXe siècle. Fuyant la famine ses parents émigrent en France et confient à l’aîné la garde des 6 autres enfants, Lazare a alors seulement deux ans. Ils survivent jusqu’à ce que l’aîné meure subitement à l’âge de 16 ans. Le père n’a d’autre choix que de revenir au pays mais le destin s’acharne encore sur la famille et la mort vient prendre son père alors que Lazare n’a que 6 ans.

De 1903 à 1907 il est seul au pays.

Il est confié à une famille du voisinage qui l’utilise comme garçon à tout faire, mais Lazare a entendu parler de « l’America » ; il veut partir pour Philadelphie où a émigré un de ses oncles.

A défaut « d’America » , il part pour ce qu’il considère le « paradis » c'est-à-dire Paris. Sa mère, comme de nombreux Italiens de Bettola s’est établie à Nogent sur Marne, mais il n’a plus de nouvelles, il pense qu’elle a abandonné ses enfants. Son travail à la ferme ne lui apporte que le gîte et le couvert, pour payer son voyage, Lazare attrape des grives, les revends et économise jusqu’au jour du départ Et, à moins de dix ans, il se met en route, à pied jusqu’à la prochaine gare, il sait qu’il doit changer de train à Turin, dans a besace il n’a qu’un bout de saucisson et un quignon de pain.

Et le voilà débarquant sur le quai gare de Lyon, ne sachant pas un mot de français, de l’Italien il ne connaît que le dialecte de sa région. Il restera trois jours dans la gare puis il trouvera à se faire accueillir près de la gare dans l’auberge Colombo, tenue par des Italiens. Le couple Colombo n’a pas d’enfants et madame Colombo voudrait bien l’adopter, il fait les courses et le ménage mais monsieur n’est pas d’accord.

Pendant ce temps, Lazare apprend le français, mais il n’a pas le droit de travailler car il n’a pas quatorze ans et n’a pas de papiers. C’est madame Colombo qui se chargera de les lui faire délivrer.


Il ne cessera de travailler pour subsister, ramoneur sur les toits, puis vendeur de journaux…Il aidera un tailleur de pierres sur ses chantiers, Paris est à l’époque en pleine transformation.

En 1908 ; monsieur Colombo refusant de l’adopter, il se rend à Nogent – à pied – où il pense retrouver sa sœur. A cette époque la population de Nogent est composée de 65 % d’Italiens et 70 % viennent de Bettola et de la région de Piacenza. Les hommes travaillent dans le bâtiment et les femmes dans la blanchisserie ou la couture.

En 1911, avant ses quatorze ans, il obtient enfin son permis de travail, son premier patron officiel sera ramoneur. En 1913 il s’associe au fils d’un entrepreneur pour pour créer une entreprise de fumisterie. Mais en 1914, la guerre éclate et les gens ont d’autres soucis que de penser à leurs cheminées. Son associé est appelé et doit partir, Lazare voulant défendre la France s’engage dans la Légion, à dix-sept ans, en trichant sur son âge. Son associé sera tué quelques semaines seulement après avoir rejoint le front dans ce qui sera la grande boucherie du siècle.

En s’engageant, il retrouve sur les listes un de ses frères : Celeste, vendeur de journaux. Ensemble, ils rejoignent Soissons et là les batailles s’enchaînent : Soissons, Douaumont, l’Argonne, Verdun…

En mai 1915, l’Italie décide à son tour d’entrer en guerre et rejoint les pays de l’Entente et rappelle tous ses jeunes gens pour les enrôler. Lazare doit retourner en Italie, contre son gré, il se cache mais on le retrouve et c’est accompagné de deux gendarmes qu’il fait le voyage de retour.

Fin 1915 il est engagé dans les Alpini, son bataillon est envoyé dans le Tyrol, là, des Italiens parlant autrichien doivent se battre contre des gens avec qui ils ont toujours vécu en bonne entente !

Lazare sera blessé au visage par un éclat d’obus, après quinze jours à l’hôpital il est renvoyé au front où il continue à se battre jusqu’à la fin de la guerre, il recevra alors la médaille du roi, la plus haute distinction de dans l’armée italienne.

En raison de son jeune âge, l’Italie le garde sous l’uniforme pour assurer la sécurité intérieure du pays, il ne sera démobilisé qu’en 1920.

Même après la fin de la guerre, les Italiens veulent le retenir mais il refuse, et finalement, sur la foi de son livret militaire qui atteste qu’il a combattu en France, il est enfin autorisé à rentrer à Paris. « ils voulaient que je reste en Italie, je suis venu Porte d’Italie ! » raconte-t-il avec malice.

En 1920, de retour à Paris, il retrouve son frère Celeste et fait venir également d’Italie leur troisième frère : Bonfils, ils travaillent pour une entreprise de montage et démontage de cheminées et dès 1921, ils créent leur propre société : Ponticelli frères.

Ils s’installent à Ivry et commencent par fabriquer des échelles avec des sapins importés du Haut-Adige. Lazare sera sur les chantiers. Des cheminées sont installées, des tuyaux sont raccordées pour les usines… et très rapidement ces Italiens se forgent la réputation de réussir là où personne n’ose seulement entreprendre.

Dans les années 30, des raffineries de pétrole se commencent à se développer et l’entreprise réalise des chantiers dans toute la France.

Quand se profile la seconde guerre mondiale, les frères Ponticelli décident de se naturaliser français, ne voulant pas répéter l’expérience de la première guerre.

Les années cinquante voient se profiler le boom économique et se multiplier les constructions de raffineries de pétrole. L’entreprise Ponticelli grossit et développe ses chantiers en France et est présente de dunkerque à Bordeaux et Marseille.

Lazare prendra sa retraite au début des années 60. en 1967, c’est René Ponticelli, le fils d’un de ses frères qui est nommé à la tête de l’entreprise. Il a su adapter les métiers de l’entreprise à l’évolution du marché et développer sa notoriété puisqu’elle est aujourd’hui présente sur les quatre continents et compte plus de 2 000 employés.

Lazare Ponticelli a fini sa vie au Kremlin-Bicêtre, près de sa fille et de ses petits enfants, il gardé toute sa mémoire de sa longue vie si riche, il était devenu en des rares « poilus » qui pouvaient témoigner de cette époque où l’Europe s’entredéchirait.

Il gardait un peu de rancœur contre les autorités des deux côtés des Alpes qui ne se sont pas montrées très reconnaissantes ; c’est seulement depuis peu qu’on s’intéresse à ces survivants qui peuvent encore témoigner de ces temps et nous rappeler l’immense gâchis que constitua cette guerre et nous montrer l’exemple à ne pas suivre.

Lazare s'est éteint le 12 mars 2008, c'était le dernier "Poilu".

 

 

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