Fred Buscaglione
FRED BUSCAGLIONE
1921 – 1960
Ferdinando Buscaglione, dit Fred Buscaglione est né à Turin le 23 novembre 1921. Très tôt il montre un grand intérêt pour la musique et entre au conservatoire Giuseppe Verdi de Turin. Dès 15 ans pour payer ses études il joue de la contrebasse dans de petits orchestres régionaux ou dans des boîtes de nuits, les fameux "night-clubs". C'est dans un de ces night-clubs qu'il rencontre Léo Chiosso, un étudiant qui deviendra par la suite le parolier de ses plus grands succès. Fred Buscaglione se passionne pour une nouvelle musique venue d'Amérique, le jazz. En plus de la contrebasse, il joue de beaucoup d'autres instruments comme le piano, la batterie, le saxophone et le violon.
Arrive la deuxième guerre mondiale, Fred Buscaglione part à l’armée et est fait prisonnier par les troupes américaines qui l'internent dans un camp en Sardaigne. Très vite ses talents de musicien sont connus et reconnus et il entre dans l'orchestre militaire du camp. C'est avec cet orchestre qu'il participera à diverses émissions musicales retransmises par la radio alliée de Cagliari.
A la fin de la guerre il retourne à Turin et reprend sa carrière de musicien. Au cours d'une représentation à Lugano en Suisse il rencontre Fatima Ben Enbarek. Fatima, une jeune marocaine de 18 ans, est l'acrobate d'un groupe de music'hall composé de son père et de sa sœur aînée, le "Trio Robin's". Elle devient la femme de sa vie. C'est aussi pendant cette période que Fred Buscaglione créait son propre groupe les "Asternovas".
L'après guerre c'est aussi une Italie exsangue en pleine reconstruction. La vie est dure. Beaucoup d'Italiens continuent à s'exiler vers l'étranger. C'est une époque de contrastes. Au cinéma c'est "la Strada" d'un côté et la "Dolce vita" de l'autre. C'est la Topolino ou la Cinquecento chargées avec toute la famille et les bagages sur le toit et les Ferrari aux Mille Mille.
Ce sont aussi les Gilera et Guzzi qui trustent les victoires en compétition et mais ce sont les Vespa et Lambretta qui envahissent les routes. C'est Anita Ekberg qui fait rêver tous les hommes "al bar", mais ce sont leurs "Mamma" qu'ils retrouvent en rentrant le soir à la maison après qu'elles aient regardé "Campanile sera" ou "Lascia o radoppia" à la télévision. Car les femmes ne sortent pas à cette époque et souvent ne s'habillent, après la trentaine, que de noir. Il faut se souvenir de tout cela. Car si on ne se souvient pas qu'une glace coûtait 5 lires, que les cigarettes "Nazionale Sportazione" se vendaient à l'unité, que le billet de 10 000 lires était un vrai drap de 30 cm de long qu'il fallait plier au moins en huit pour le ranger dans son porte feuille, on ne peut comprendre les hommes.
3 Au milieu de ces contrastes, entre rêve et réalité, Fred Buscaglione va se créer un personnage bien particulier.
D'abord avec son physique, il a des faux airs d'une grande vedette du cinéma américain de l'époque : Clark Gable. Ensuite il complète son personnage avec les manières d'une autre star du moment : Humphrey Bogart. Ainsi naît ce dur à l'allure de gangster / play-boy, la cigarette au coin des lèvres et le verre de whisky à la main. Une sorte d'Al Capone sympathique. Ce personnage est un Américano-Italien : Américano pour le rêve et Italien pour la réalité.
Nombreux sont les Italiens qui secrètement s'identifient à ce personnage et se reconnaissent dans les chansons.
Avec Léo Chiosso ils écrivent diverses chansons dont "Tchumbala-Bey" pour un autre turinois : Gino Latilla. Ce dernier les aide à entrer dans le monde du disque d'alors. Et en 1956, leur chanson "Che bambola" devient un énorme succès. Fred Buscaglione, le chanteur à "la voce di carta di vetro" vend 980 000 disques, des 78 tours !!! (le disque microsillon 45 t n'existe pas encore). Le dur au cœur tendre plait à toute l'Italie. Fred Buscaglione est demandé partout, il vole de night-club en night-club. Chaque nouvelle chanson est un succès et après "Che bambola", c'est "Teresa non sparare", puis "Eri piccola cosi", et aussi "Guarda chè luna", "Porfirio Villarosa", "Whisky facile", etc.
En plus de la chanson il est demandé aussi au cinéma pour de nombreux films et à la télévision pour de la publicité.
Il se disait que pour mieux interpréter ses chansons, il buvait une bouteille de whisky avant de monter sur scène. Légende ou vérité ? Chi lo sa ?
Ce qui est certain c'est que ses succès l'ont entraîné dans une vie de plus en plus trépidante à travers l'Italie qu'il parcourt dans tous les sens. Sa vie de couple s'en ressent.
Cette fois le rêve et la réalité se rejoignent.
Comme avant lui, James Dean,
C’est brutalement, au matin du 3 février 1960, à 6 h 30, de retour d'une boîte de nuit, que sa Thunderbird rose s'écrase contre un camion dans une rue de Rome !
L'Italie assommée par la disparition du Campionissimo Fausto Coppi à peine un mois avant, est maintenant KO debout !
La légende continue ….
GM
26 août 2007 Guy Mazzesi